Être humain à l’époque des neurosciences et de l’intelligence artificielle implique d’explorer soigneusement les nœuds de complexité où des idées valables sont néanmoins en tension, manifestant des subtilités et des défis qu’il ne faut pas négliger. Chaque page exprime la ou les tensions existantes entre des idées et dans chaque thème, apparues dans les discussions collectives, et sont ensuite complétées par un éclairage des chercheurs du réseau NHNAI.

Complexité sur la démocratie n°4 : L’IA et l’automatisation du travail

Les participants soulignent la nécessité de trouver un équilibre entre l’automatisation des tâches au travail et le travail et la dignité de l’homme. Bien qu’il soit indéniable que les technologies de l’IA entraîneront d’énormes gains d’efficacité et de productivité, les participants s’inquiètent de la manière dont les bénéfices seront partagés. Les impacts possibles sur l’emploi et les ressources financières des personnes pourraient menacer les démocraties elles-mêmes. Au-delà de la dimension financière, certains participants soulignent le fait que l’épanouissement humain découle de l’accomplissement de rôles sociaux donnés et de l’existence d’un but. D’autres participants expriment également leur inquiétude face à la perspective d’être contraints de créer un double ou une version améliorée d’eux-mêmes au risque de perdre leur propre identité.

Les idées sont à retrouver dans les synthèses globales et locales téléchargeables ici

  • (Global – Démocratie) Trouver le bon équilibre entre le travail humain et l’automatisation des tâches par l’IA
  • (France – Démocratie) Les participants s’inquiètent de la perspective de pouvoir créer un double ou une version améliorée d’eux-mêmes
  • (Portugal – Démocratie) L’épanouissement humain passe par l’accomplissement de différents rôles sociaux
Eclairages par les chercheurs :

Cette complexité se reflète dans une étude récente de la banque belge ING[1]. Extrait :

« Une perception paradoxale de l’IA.

L’étude d’ING s’est accompagnée d’une enquête représentative auprès d’un millier de Belges sur l’impact de l’IA sur l’emploi et la société (réalisée fin 2023). Le résultat le plus frappant est que 42% des Belges pensent que l’IA entraînera des pertes d’emploi, mais seulement 3% craignent pour leur propre emploi. De plus, 15 % pensent que l’IA aura un impact majeur sur leur travail (voir graphique ci-dessous). Ce constat est valable pour toutes les tranches d’âge, tous les sexes et toutes les professions.

Les Belges pensent donc que l’IA aura un impact négatif sur le marché du travail mondial, mais pas sur leur propre emploi. Cette contradiction apparente ressort souvent des enquêtes : les citoyens ont tendance à avoir une perception négative de l’impact de l’IA sur la société en général, alors qu’un sentiment positif prévaut souvent quant à ce que l’IA (gén) peut signifier pour eux en termes concrets. Ce paradoxe peut probablement s’expliquer par les nombreuses communications négatives sur les dangers de l’IA, alors que l’impact positif d’une nouvelle technologie devrait provenir principalement de la pratique et de l’expérience personnelle. De nombreux travailleurs utilisant la GenAI font état d’une expérience positive et font bon usage du temps libéré. »

[1] https://www.agoria.be/fr/services/expertise/digitisation/intelligence-artificielle/impact-de-lia-sur-le-marche-du-travail-belge-des-bouleversements-mais-sans-augmentation-du-chomage-etude-ing