NHNAI et Imagin’Action : focus sur les enjeux écologiques de l’IA à l’UCLy
Le 18 et 19 février 2025, l’Université Catholique de Lyon accueillait son évènement dédié à la transition socio-écologique Imagin’ACTion. Sur deux jours, il était possible de rencontrer et d’échanger avec des acteurs de la transition socio-écologique, de participer à des ateliers et d’en apprendre plus sur certains sujets liés à la transition socio-écologique.
Dans ce cadre, l’équipe du projet NHNAI a proposé un atelier de sensibilisation sur les enjeux écologiques de l’IA et du numérique. Animé par Laura Di Rollo (ingénieure d’études dans le projet NHNAI) et Mélissa Mary (ingénieure pédagogique chez CAP’EA à l’UCLy) ainsi que Pierrick Ribo (responsable de CAP’EA), l’atelier a permis aux participants d’en apprendre davantage sur les impacts environnementaux de l’IA et du numérique, notamment à travers un quizz pour tester ses connaissances sur le sujet. Mais il a aussi été proposé aux participants de rejoindre une réflexion collective autour de la sobriété numérique. En effet, il semblerait que nous devions, dès aujourd’hui, avoir des usages sobres des technologies, mais lesquels devons/pouvons/voulons-nous adopter ?
De nombreuses idées ont été évoquées. Parmi elles, l’importance de réfléchir à l’usage de l’IA générative dans son quotidien semble être sur le podium. En effet, étant donné les coûts et impacts de l’IA (en termes de consommation d’énergie mais aussi de ressources naturelles, voir schéma ci-dessous), il semble nécessaire de s’interroger sur son propre usage et sur la valeur ajoutée de l’IA : ai-je réellement besoin de l’IA générative dans cette situation ? Ne puis-je pas m’en sortir avec 1 ou 2 requêtes sur un moteur de recherche ? Et si j’ai besoin de l’IA générative, je peux essayer d’être le plus précis possible dans le prompt afin de m’en sortir avec une seule requête. Cela amène à réfléchir à la priorisation des usages : où est-ce qu’il est prioritaire d’utiliser l’IA, et où ne l’est-elle pas ?
Mais il ne s’agit pas seulement de l’IA. Consommer seconde main, privilégier les équipements reconditionnés, éviter les envois de mails inutiles… sont d’autres pistes sur les gestes et usages sobres à adopter afin de limiter les impacts du numérique sur l’environnement.
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Toute technologie a un impact sur l’environnement car toute phase du cycle de vie des technologies présente des enjeux pour la préservation de l’environnement et de la biodiversité. La phase de fabrication des équipements numériques présente des enjeux d’épuisement des ressources naturelles, et de pollution des sols, rivières, érosion de la biodiversité en plus de contribuer à l’augmentation des émissions de gaz à effet de serres (GES). Cette phase représenterait 80% des GES liés au numérique (qui seraient de 4-5% aujourd’hui). D’où cette importance de préserver et protéger ses équipements numériques, d’acheter reconditionné, de réparer, en somme, de favoriser une économie circulaire plutôt que linéaire où l’on jette des équipements numériques parfois même encore fonctionnels.
En 2022, on estime le nombre de déchets électriques et électroniques dans le monde à 60 millions de tonnes et une augmentation de +32% est prévue d’ici 2030. En France, ce sont 20 millions de tonnes, soit le poids de 2 000 Tour Eiffel ! Parmi cette quantité importante de déchets, une infime partie seulement est recyclée. L’autre grande partie est acheminée dans des pays pauvres, en Afrique du sud ou Asie du sud par exemple, pour être brûlés et enfouis dans les sols. Mais les déchets numériques comportent des matières toxiques comme l’arsenic, le mercure ou encore le plomb. Matières qui seront rejetées dans les sols, dans l’air et dans l’eau, impactant aussi bien l’environnement et la biodiversité que la santé humaine.
Mais pourquoi cette quantité astronomique de déchets ? Pourquoi jetons-nous autant ? L’obsolescence est un mécanisme qui nous conduit et nous pousse à jeter plutôt qu’à préférer des alternatives comme la réparation. En effet, on peut être tenté de jeter son objet lorsque les frais de réparation sont supérieurs aux à l’achat d’un objet neuf (obsolescence économique). Ou de jeter son appareil lorsqu’il ne peut plus accueillir les récentes mises à jour (obsolescence technique), ou encore d’avoir l’impression que son objet est démodé et désirer un objet plus moderne, un phénomène accentué par la publicité (obsolescence psychologique). L’obsolescence est une stratégie marketing employée pour nous conduire à consommer toujours plus, mais qui nuit gravement à l’environnement.
Enfin, le numérique est omniprésent dans nos vies. Nous utilisons quotidiennement internet, naviguons sans cesse sur les réseaux sociaux à regarder des vidéos de chats et maintenant on s’adresse presque systématiquement à une IA (générative). Mais cette consommation a un coût. On estime que le streaming est responsable à lui seul de 33% de la consommation énergétique annuelle mondiale. Quant aux envois de mails, un mail avec pièce jointes ou avec plus d’une dizaine de destinataires coûtera toujours plus qu’un simple mail. Concernant l’IA générative, on estime que l’entraînement de Chat GPT3 aurait nécessité 700 000L d’eau (potable), l’eau étant nécessaire pour refroidir les centres de données afin d’éviter la surchauffe. Donc poser entre 25 et 50 questions à ChatGPT reviendrait à utiliser 1,5L d’eau. De même, l’IA générative peut être 30 à 40 fois plus énergivore qu’un moteur de recherche. La génération d’image et de vidéos étant le plus énergivore. Générer une image en HD consommerait autant d’énergie que la recharge complète d’un smartphone.
Augmenter la production et les usages du numérique et de l’IA a un coût qui pourrait ne pas être compatible avec la préservation de l’environnement et du vivant sur Terre. Alors plus que jamais, il est nécessaire d’adopter des usages sobres du numérique et de prioriser les usages.
Sources :
– ADEME (2022). En route vers la sobriété numérique.
– ARCOM, ARCEP & ADEME (2024). L‘étude de l’impact environnemental des usages audiovisuels.
– Commission des Sciences et Technologies du Québec (CEST) (2024). Regard éthique sur les effets environnementaux des technologies numériques au Québec : l’impératif de la sobriété numérique.
– Li, P., Yang, J., Islam, M. A., & Ren, S. (2023). Making ai less » thirsty »: Uncovering and addressing the secret water footprint of ai models. arXiv preprint arXiv:2304.03271.
– The shift Project (2020). Déployer la sobriété numérique.
– Observatoire international des enjeux sociétaux de l’IA (OBVIA). Pourquoi la sobriété numérique ? dans Dans l’oeil de l’OBVIA (Déc 2024).