Découvrez les premiers résultats de l’analyse des débats sur l’éducation de l’année 2023!

Idées saillantes sur l’humanisme à l’heure de l’IA et des NS dans le domaine de l’éducation

Après l’atelier présentiel sur les enjeux éthiques de l’IA et des neurosciences dans le domaine de l’éducation (à l’Université Catholique de Lyon le 21 février 2023) et les discussions en ligne consécutives sur la plateforme CartoDEBAT, nous sommes heureux de vous partager les premiers éléments de synthèse et de restitution. Ils préfigurent les résultats futurs attendus de l’analyse globale de tous les corpus de discussions dans les 9 pays participants.

Voici d’abord une représentation visuelle des idées les plus saillantes sur ce que signifie être humain au temps des NS et de l’IA qui ont émergé lors des discussions en français centrées sur les impacts dans le domaine de l’éducation. Le nombre à droite de chaque idée saillante indique combien de contributions expriment l’idée saillante. Tous les extraits sont reproduits ci-dessous et sont liés à leur contexte d’expression sur la plateforme CartoDEBAT. N’hésitez pas à cliquer et à parcourir les débats.

Nous accordons une attention particulière aux liens entre les idées saillantes. Les flèches vertes relient les idées qui sont en concordance. Les flèches rouges manifestent les complexités et les tensions entre les idées saillantes.

Extraits associés aux idées saillantes

L’évolution n’est-il pas dans la différence et dans la diversité? Je pense que la richesse est de réussir à réfléchir ensemble avec des idées et des connaissance différents afin d’avancer solidement ensemble. Avoir la même vision et avancer dans la même direction mais avec des idées et opinions différents.

Réunir tous les humains par un tronc pédagogique commun, est-ce une utopie datée ou alors est-ce une nécessité? Mais alors ce tronc commun pédagogique ne serait-il pas le savoir à inculquer aux agents conversationnels tels que ChatGPT?

Travailler à la paix comme bien commun dans cette planète aux ressources énergétiques limitées sur laquelle vivent, naissent et disparaissent une multiplicité d’espèces revient pour notre espèce à réfléchir sur sa sobriété énergétique et sur sa place harmonieuse respectueuse au milieu des espèces vivantes. Ne faudrait-il pas enseigner à tous à calculer la sobriété de leurs actions?

On a essayé de voir comment faire la balance entre les besoins sociétaux et les envies personnelles, ce qui reflète une tension entre l’intérêt général et les libertés de chacun

Si on considère que de manière universelle tout savoir se discute, donc que c’est le discutable, l’incertain qui est universel et qu’au contraire ce qui est certain est particulier alors tu as parfaitement raison il est impossible d’avoir les mêmes pensées mais en revanche on peut se mettre d’accord sur la manière d’argumenter

Appel aux université pour un savoir commun

Mais l’individualisation de notre société, qui pourrait induire un encadrement plus personnel à l’avenir, pourrait aussi contrecarrer le vivre ensemble

il est important aussi de se donner les outils intellectuels / philosophiques pour ne pas, via ce type de mouvement, encourager une sorte de relativisme débridé qui rendrait tout acceptable, chacun ayant bien le droit de penser ce qu’il veut … La notion d’universalité demeure importante à mon sens … Certains sujets peuvent avoir plusieurs réponses divergentes, mais peut-être pas tous … pas par principe …

En quoi L’IA d’aujourd’hui pourrait oeuvrer en faveur de la paix ?

Et parce que la différence rend le monde plus beau et plus particulier! Et que sans ces dernières, nous serions bien trop ignorants.

on peut peut-être se mettre d’accord sur le fait qu’il est important pour chacun, depuis son contexte, de faire l’effort de découvrir le différent chez autrui, en particulier dans d’autres cultures … A défaut de constituer une sorte de connaissance universelle, on tendrait ainsi vers une logique de compréhension mutuelle

Ils se rendent compte qu’ils ont souffert toute leur scolarité « pour rien » et que cela aurait pu être évité. Le diagnostique donne un sens à leur différence qu’ils ressentent depuis l’enfance. A contrario, les personnes ayant des aides à l’école, car diagnostiquées plus tôt, peuvent avoir une scolarité avec une simplicité similaire à celle des autres élèves.

A quelles conditions une éducation peut-elle se faire ? Il faut qu’il y ait une bienveillance mais une bienveillance intelligente, pas une bienveillance stricte qui conduit plutôt à des catastrophes, c’est plutôt une bienveillance comme compréhension de ce qu’il se passe et pour rendre service au gamin. Accepter d’être différent aussi, il ne faut pas chercher à normaliser tous les enfants, ils peuvent être différents.

L’évolution n’est-il pas dans la différence et dans la diversité? Je pense que la richesse est de réussir à réfléchir ensemble avec des idées et des connaissance différents afin d’avancer solidement ensemble. Avoir la même vision et avancer dans la même direction mais avec des idées et opinions différents.

Enfin, cela peut changer le regard des autres et mener vers plus d’acceptation et prise en compte de la différence

Peut être que la question d’égalité et d’équité est au centre du problème. Si on pense apprendre la même chose à tous les élèves alors les troubles d’apprentissage sera forcément un déficit. Si l’on souhaite faire évoluer l’élèves avec son propre système ce sera un fonctionnement différent. Et dans ce cas là, l’intention du système éducatif pourrait apporter la réponse à cette question

mais il offre aussi une possibilité d’adapter les systèmes d’apprentissage, et en permettant à l’individu de mieux se connaitre et de comprendre son fonctionnement, d’adapter sa façon d’apprendre

Il faut pouvoir se débrouiller aussi sans les machines, garder un savoir-faire qui se dispense de l’IA. C’est une manière de garder son autonomie et sa liberté et de ne pas devenir dépendant de ces machines.

Comme le disait Bernard Stiegler, en automatisant on perd de la connaissance, et en perdant de la connaissance on perd du pouvoir sur le monde. En bref, je pense qu’on automatisant, on perd plus d’autonomie qu’on en gagne.

Ce que nous pensons important comme apport pour l’éducateur (le bon éducateur) c’est qu’il donne envie, qu’il transmette la passion, qu’il éveille la curiosité, qu’il développe l’esprit critique et qu’il stimule la créativité de façon à amener vers l’autonomie et vers la liberté

Si le libre-arbitre désigne la capacité à dire non, alors l’IA semble néfaste car elle nous enlève des possibilités de dire non en faisant trop de travail pour nous. Elle nous emmène à arrêter de penser.

En effet, il est important de trouver un équilibre entre l’utilisation de la technologie pour améliorer l’apprentissage et la nécessité de préserver l’autonomie et la liberté de choix des individus.

Je ne pense pas qu’on peut éviter la dépendance. Quoique ? Mais quitte à ce qu’il y en ait une, qu’elle soit le plus éclairé possible et en conscience ; savoir l’utiliser avec raison mais être aussi capable de s’en passer.

Donc si l’on devient addictif au système éducatif qui s’appuie sur le système dopaminergique, on ne veut plus et on n’aime plus réfléchir sur des sujets qui demandent de la patience et de la prudence, et on chercherait et trouverait des solutions faciles. C’est justement à l’école que l’on peut prendre le temps. Après l’école, l’on doit souvent trouver des solutions le plus tôt possible dans le travail. L’autonomie, ou le bon esprit critique ne viendraient-ils pas de la maturité de la pensée ? Des enseignants devraient en tenir compte

Notre identité en tant qu’être humain est beaucoup plus complexe et donc l’humain ne peut être réduit à un seul élément tel qu’un diagnostic médical ou une pathologie

Mais cette case peut ne pas être bénéfique en mettant des personnes dans un schéma de pensée unique, dans une réflexion qui devrait être plurielle

Je suis d’accord mais les systèmes éducatifs développés se disent avoir une réelle importance en matière d’acceptation entre les relations humaines. D’un autre côté elle affirme aussi avoir un impact certain quant a un risque de discrimination et de stigmatisation.

Par exemple, l’utilisation de matériel informatique (tablettes, ordinateurs portables…) par les élèves dans les salles de classe qui peut influencer leurs relations sociales avec leurs camarades, en créant une certaine stigmatisation

Le diagnostic présente un risque de discrimination

L’accompagnement humain est très important. Si la machine peut aider aux diagnostics, seul l’accompagnement humain permet aux familles de comprendre que ce diagnostic n’est pas définitif

S’agit t-il d’automatiser littéralement l’éducation ou d’introduire l’utilisation d’un machine qui peut réaliser de manière répétitifs des gestes répétitifs qui fatiguent les enseignants et occupent une grande majorité de leur temps qu’il pourraient utiliser à faire d’autres taches.

l’intérêt de l’IA est, par miroir rapport à cette intelligence qui n’en est pas une (l’IA est un terme scientifique qui pose débat), nous fait voir qu’est-ce que l’essence de l’humanité. Qu’est-ce qu’il faudrait qu’on change dans l’éducation, dans ce qu’on fait, chez l’éducateur, sa place, pour se recentrer vraiment sur le travail de l’humain et laisser le coté administratif, répétitif à l’IA

il y a peut-être un intérêt à automatiser la correction de copies par exemple, qui est une tâche qui prend beaucoup de temps, d’énergie, c’est parfois une plaie !

Peut-être qu’automatiser la correction des copies pourrait permettre d’éviter ces biais ?

‘utilisation de chat GPT serait optimale si chacun l’utilisait comme une machine qui a réponse à tout, car il a la capacité de traiter énormément d’informations et de les synthétiser. Il peut en effet aussi être utilisé pour la rédaction de longues tâches inintéressantes

Oui et de même qu’on demande à un jeune qui travaille en boulangerie de nettoyer le magasin, ce n’est pas palpitant ni intéressant, mais je pense que cela fait parti de l’apprentissage, car cela lui permet d’apprendre à respecter et prendre soin de ses outils et des lieux.

on pourrait imaginer une machine qui nettoie tous les outils en les mettant dans un bac spécial… parfois les tâches jugées « inintéressantes » sont celles qui vont permettre à des personnes dans l’extrême pauvreté de faire des petits boulots qui leur permettent de vivre, mais l’IA remplace ces boulots.

Indépendamment du fait que l’écriture peut dépanner, c’est aussi un apprentissage important pour le cerveau qui permet d’apprendre des mouvements aussi très fins, qui peut servir pour développer d’autres compétences et pas seulement l’écriture…

Mais les tâches inintéressantes ne sont-elles pas parfois des fondamentaux qui servent à développer d’autres activités/compétences ?

Le risque lorsque l’IA se mêle à l’éducation et ici au travail personnel, est qu’on choisisse la facilité. De ce fait, on choisirait de faire une dissertation sur chatGPT car cela nous prendrait 10min max mais finalement, sans cet outil on ne serait pas capable d’en faire une tout seul. Oui à l’aide nécessaire mais non à une aide qui n’en est pas vraiment une et qui nous priverait du réel apprentissage.

Donc si l’on devient addictif au système éducatif qui s’appuie sur le système dopaminergique, on ne veut plus et on n’aime plus réfléchir sur des sujets qui demandent de la patience et de la prudence, et on chercherait et trouverait des solutions faciles. C’est justement à l’école que l’on peut prendre le temps. Après l’école, l’on doit souvent trouver des solutions le plus tôt possible dans le travail. L’autonomie, ou le bon esprit critique ne viendraient-ils pas de la maturité de la pensée ? Des enseignants devraient en tenir compte

ce qui concerne l’éducation ce qui change le plus la donne c’est le fait que le système éducatif actuel demande plus aux apprenants un résultat plutôt qu’une démarche de réflexion menant à ce résultat d’où le fait que cette manière de faire appauvrit de façon plus massives notre capacité cognitive car en prenant juste le résultat obtenu par chatGPT par exemple, nous pouvons directement faire un copié collé et le remettre au prof, dans ce processus il manque l’action (reproduire la démarche pour arriver au résultat) pour pouvoir retenir quelques choses

Il faut cependant que les étudiants soient évalués par leur capacité de discuter entre-eux du contenu d’un cours donc de se poser des questions intéressantes auxquelles dont ils soutiennent la pertinence de leurs réponses face aux autres étudiants. Si chatGPT les aident à formuler un argument il ne se substituera pas à eux pour la justification de leur argument

Ce que nous pensons important comme apport pour l’éducateur (le bon éducateur) c’est qu’il donne envie, qu’il transmette la passion, qu’il éveille la curiosité, qu’il développe l’esprit critique et qu’il stimule la créativité de façon à amener vers l’autonomie et vers la liberté

L’IA peut menacer le développement de l’enfant sur tout ce qui est en rapport avec l’apprentissage. Avec ChatGPT par exemple les enfants perdent le gout de travailler et font des devoirs sans les comprendre car ils copient juste ce que l’IA renvoie.

Il faut absolument démystifier et avoir une idée de ce qui se passe « sous le capot », si l’on veut se mettre en capacité de développer des usages intéressants et avec une vraie valeur ajoutée

je pense qu’il est important de mettre en place dès à présent des formations pour 1) expérimenter les différentes applications pour le texte et l’image 2) se documenter pour pouvoir informer les jeunes sur leur fonctionnement 3) en faire des alliés pédagogiques, des outils pour l’intelligence humaine.

Nous pensons qu’il ne faut pas restreindre l’accès à l’IA mais plutôt de mettre en place une phase de sensibilisation serait intéressante, exemple : mettre en place des cours sur l’IA

Enfin, les enseignants doivent être formés pour comprendre les principes de base des NS et de l’IA, afin de pouvoir intégrer ces connaissances dans leur pratique pédagogique de manière responsable et efficace.

Il est également important d’éduquer les élèves sur les avantages et les limites de la technologie, afin qu’ils puissent prendre des décisions claires quant à leur utilisation

Combien de fois, nous passons notre temps à débattre de la fidélité d’une restitution d’une débat par rapport au contenue de la discussion qui s’est déroulé? Peut-être qu’avoir un IA qui restitue fidèlement et en toute objectivité du sujet nous évitera déjà de ne plus débattre sur la fidélité d’une restitution. 

Bien d’accord, la restitution d’un débat par une personne est toujours teintée de subjectivité. Il faudrait que l’analyse du débat par une IA se fasse selon selon un enchainement d’algorithmes qui est lui-même supervisable par les débattants. 

Peut-être qu’automatiser la correction des copies pourrait permettre d’éviter ces biais ? 

Ne manquez pas de découvrir la synthèse finale dans les mois à venir!

Share this post