L’équipe belge du projet NHNAI  (UNamur-ESPHIN) vous propose une journée de rencontres.

Elle s’adresse à tous les citoyens engagés dans des actions éducatives, politiques, sociales, ou simplement soucieux de partager leurs points de vue et leurs idées face aux défis lancés par les techniques d’Intelligence artificielle.

AU PROGRAMME

La matinée pour réfléchir :

  • « Intelligence artificielle et machine learning : de HAL 9000 à ChatGPT », par Bruno Dumas
  • « L’adieu au réel: Réalisme algorithmique et persistance de la critique », par Antoinette Rouvroy
  • « Que pouvons-nous attendre des règlementations? », par Yves Poullet
  • « Quels défis pour la démocratie? », par Salomé Frémineur

L’après-midi pour agir :

  • Place aux témoignages d’acteurs du changement qui viendront présenter leurs projets citoyens et actions concrètes.

Quand? Le vendredi 23 février 2024 de 9h00 à 17h00. Accueil à partir de 8h30 et drink de clôture à 17h00.

Où? Namur, rue Joseph Grafé: faculté des sciences (accueil devant l’auditoire CH01).

Formulaire d’inscription: https://forms.office.com/e/zTABScski8

Personne de contact: nathanael.laurent@unamur.be

Texte de présentation:

Les outils rangés sous les appellations « intelligence artificielle »[1] et « numérique »[2] attestent de l’évolution de nos milieux de vie (publics, privés, professionnels) devenus des zones d’extraction de données les rendant toujours plus contrôlables. Que ces nouvelles technologies soient perçues comme stimulant la créativité, ou comme substituant l’automatisation à l’autonomisation de certaines de nos capacités cognitives, ce n’est pas sans susciter des appréhensions, ni sans alimenter bien des débats.

Des enjeux démocratiques et écologiques sont intimement liés à ces technologies pensées, conçues et déployées dans des buts précis. Quels buts ? Qui prend ces choix ? S’interroger de la sorte nous invite déjà à exercer notre esprit critique et notre réflexivité. Les discours porteurs de promesses ou nourrissant des craintes doivent nous encourager à prendre conscience par nous-mêmes de nos responsabilités. Certains grands concepteurs de ces technologies ainsi que les gouvernements de plusieurs grandes nations semblent montrer l’exemple[3][4], mais à nouveau sans que « nous », les citoyens concernés, ne prenions part aux discussions.

Comment nous positionner en tant qu’êtres humains par rapport à ces techniques d’ « intelligence artificielle » qui rivalisent avec certaines de nos capacités, prétendent apporter de nouveaux conforts, mais soumettent les citoyens à toujours plus de contrôlabilité ?

Cette question est au cœur du projet interuniversitaire et international NHNAI[5] auquel l’institut ESPHIN de l’UNamur prend part depuis 2022, et constituera le leitmotiv de la journée de rencontres « académico-citoyennes » à laquelle nous vous invitons. Précisons-en les deux temps forts.

La matinée sera consacrée à la réflexion, en partant d’interrogations fondamentales qui nous concernent toutes et tous :

1) Comment interpréter ce qui se dit et se fait avec l’ «intelligence artificielle» ? Ne convient-il pas de commencer par faire le point sur la multitude d’approches vouées à simuler nos comportements ?

2) Nous, citoyens, qui pensons, quelle signification donnons-nous à ce verbe « penser » ? Qu’est-ce au fond que notre «intelligence naturelle» ?

3) Les appels à évaluer les risques et à placer des garde-fous entraînent l’écriture de chartes et deréglementations, mais au fond pourquoi attendons-nous ces cadres normatifs et qu’attendons-nous d’eux ?

4) La démocratie comme horizon politique contemporain repose sur des droits fondamentaux et la rencontre d’une pluralité de points de vue. Comment certains usages des techniques d’ «intelligence artificielle» interviennent-ils dans ces processus, comment peuvent-ils les modifier ?

La « révolution » en marche, ou à venir, provoquée par l’arrivée des outils d’ «intelligence artificielle», et plus encore par les logiques économico-politiques qui en assurent le déploiement, est un appel qui a déjà suscité des réponses concrètes. L’après-midi de cette journée de rencontre sera dédié à ces dernières, qu’elles proviennent du milieu universitaire, du monde associatif, et de citoyens soucieux de ne pas rester passifs face à ce qui risque de nous confisquer certains de nos droits fondamentaux.

Dans l’esprit du projet NHNAI qui en est le principal inspirateur, cette journée misera ainsi sur l’intelligence collective. A côté de l’humain parfois pensé comme une machine, et de la machine de plus en plus souvent comparée à l’humain[6], l’objectif principal de cette journée est de donner une place aux rencontres en laissant ces dernières exercer leurs propres pouvoirs d’action et de transformation.

Il s’agit donc d’une invitation à venir réfléchir ensemble aux modes de production et d’utilisation des outils d’ « intelligence artificielle », mais aussi à l’évolution de nos capacités critiques (via des questionnements et des actions) qu’entrainent ces technologies nouvelles.

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[1] Pour une introduction à ce que recouvre cette appellation polysémique, voir par exemple Linden, I., Tilman, V. & Laurent, N. (2023). Les techniques d’intelligence artificielle : histoire, développements et défis. Recherches de Science Religieuse, 111, 603-624. https://doi.org/10.3917/rsr.234.0603.

[2] Nous pouvons par exemple considérer la définition que donne Didier Dubasque au numérique comme ce qui « représente toutes les applications qui utilisent un langage binaire qui classe, trie et diffuse des données. Ce terme englobe les interfaces, smartphones, tablettes, ordinateurs, téléviseurs, ainsi que les réseaux qui transportent les données. Il envisage à la fois les outils, les contenus et les usages. » (Comprendre et maîtriser les excès de la société numérique, chapitre 1, 2019, Rennes : Presses de l’EHESP).

[3] L’appel lancé par l’institut « future of life » a mettre « les expériences géantes d’IA » en pause a recueilli plus de 3.000 signatures, donc celles de grands noms du domaine (https://futureoflife.org/open-letter/pause-giant-ai-experiments/). Dans le domaine de la santé, voir l’article de Federspiel F, Mitchell R, Asokan A, et al. Threats by artificial intelligence to human health and human existence. BMJ Global Health 2023;8:e010435. doi:10.1136/ bmjgh-2022-010435.

[4] Signalons le tout récent premier sommet mondial sur l’intelligence artificielle réunissant au Royaume-Uni ces 1 et 2 novembre des dirigeants politiques, des géants de la tech et des experts de l’intelligence artificielle (https://www.aisafetysummit.gov.uk/). Il avait pour but d’examiner les risques liés à l’IA et de discuter de la manière dont ils peuvent être pris en charge à l’échelle internationale.

[5] https://nhnai.org/fr-be/

[6] Rouvroy, A. (2017). La vie n’est pas donnée. Études digitales2(2), 195-217.